FO, l’énergie, le nucléaire

, par YannP

après l’accident nucléaire au Japon, article à paraître dans le prochain journal de la FédéChimie FO

FO, l’énergie, le nucléaire

La catastrophe naturelle qui a provoqué un grave dysfonctionnement d’une installation nucléaire au Japon donne le devoir à la FédéChimie et à sa branche Atome (UNSENRIC ) de s’exprimer pour rappeler les analyses et revendications FO en ce qui concerne l’industrie nucléaire.

En effet, la FédéChimie FO regroupe en son sein depuis la création du CEA en 1945 les travailleurs du nucléaire. Compte tenu de l’histoire de cette industrie, la FédéChimie a été conduite à l’analyser sous tous les angles : la recherche, les armes atomiques, la production électronucléaire, le cycle du combustible, le nucléaire médical etc.

La FédéChimie a toujours eu (ce qui n’étonnera personne) un raisonnement syndical : organiser la défense des intérêts des travailleurs du nucléaire. Elle a naturellement élargi son analyse à l’ensemble de la question énergétique qui est au centre de l’économie depuis l’origine des sociétés humaines. Sur ces aspects, la FédéChimie a constamment alimenté la réflexion confédérale en étant à l’initiative de prises de position importantes, tant par les congrès confédéraux, que par le CCN ou la CE confédérale.

Ainsi le 23 février 1979, la Commission Exécutive de la CGTFO a adopté à l’unanimité la texte « Pour une charte du nucléaire » qui garde encore aujourd’hui et à la lumière de l’actualité toute sa pertinence, et dont voici la quasi intégralité :

« (…) Aujourd’hui, l’industrie nucléaire est devenue une réalité. Mais l’erreur serait d’en conclure qu’elle serait une industrie comme les autres.

L’industrie nucléaire n’est pas une industrie comme les autres :
  par son importance militaire, elle est nécessairement une affaire d’Etat. Elle met en jeu des intérêts et des convoitises de dimension internationale

  pour l’assurance des approvisionnements énergétiques et le maintien de l’emploi, elle constitue une ressource indispensable.

L’importance et la diversité des investissements nécessaires imposent une politique à long terme cohérente, soustraite aux aléas conjoncturels et aux conflits d’intérêts.

Du fait de la puissance des forces naturelles en jeu et de la gravité des conséquences des accidents éventuels, la sécurité des travailleurs et des populations doit être rigoureusement garantie. Il faut donc soumettre l’ensemble des activités nucléaires à des règles techniques, juridiques et politiques adaptées à ces caractères spécifiques.

L’expérience de trente années de recherche et de développement dans le domaine nucléaire prouve que la sécurité y est possible et qu’elle est même, dans les faits, poussée plus loin que dans tout autre domaine. Il est nécessaire que les conditions qui ont permis d’obtenir ce résultat dans le passé soient maintenues et renforcées dans le futur.

Les conditions essentielles de la sécurité nucléaire sont :
  d’abord la poursuite d’un effort de recherche assurant le maintien d’une avance constante du savoir scientifique sur la pratique industrielle, par l’exploration méthodique de tous les risques possibles.

  Ensuite, les garanties juridiques et politiques qu’en toutes circonstances l’impératif de la sécurité primera le souci de rentabilité budgétaire ou commerciale. Il ne faut, dans le domaine nucléaire, ni monopoles internationaux, ni « pavillons de complaisance ».

  Enfin, le développement cohérent et ordonné d’un ensemble d’industries. La continuité des efforts ne doit être mise en cause, ni par les rivalités nationales ou sectorielles, ni par les écarts de prix accidentels ou provoqués, ni par des moratoires inconsidérés bientôt suivis, devant la menace de pénurie, de réalisation hâtives. (…)

Composante nécessaire d’une politique de diversification des sources d’énergie, la mise en œuvre de l’énergie nucléaire exige un contrôle rigoureux, scientifique, technique, commercial et politique. Les activités nucléaires doivent donc être soustraites en entier aux intérêts privés et relever de la puissance publique.

Le recours à l’énergie nucléaire implique l’élaboration et l’application d’une charte universelle du nucléaire qui soit l’affirmation solennelle de principes fondamentaux :

1. La sécurité doit passer en toutes circonstances avant la rentabilité budgétaire ou commerciale.

2. La recherche scientifique doit devancer et éclairer sous tous ses aspects la pratique industrielle.

3. Un plan d’ensemble de développement à long terme doit assurer la prééminence de l’intérêt général sur les intérêts privés et sur les calculs à court terme.

Le choix des moyens, des institutions, des lois et règlements peut varier selon les situations nationales, mais il doit toujours tendre à garantir le respect de ces principes et la définition claire et précise des responsabilités. »

En 2011 comme en 1979, l’application de ces principes impose notamment qu’une Convention Collective Nationale du Nucléaire couvre tous les travailleurs du nucléaire, à l’exception de ceux couverts par un statut (EDF). L’égalité des droits et garanties est en effet une condition indispensable à la sécurité dans l’industrie nucléaire, et par voie de conséquence à la sécurité des populations et de l’environnement.

De même, le grave accident nucléaire japonais démontre la justesse du combat mené par nos syndicats pour que les budgets nécessaires soient octroyés par l’Etat au CEA, contre la privatisation d’AREVA via une « ouverture » du capital à des investisseurs privés, et contre la sous-traitance au privé de prestations essentielles à la sécurité.

FORCE OUVRIERE saura le rappeler aux pouvoirs publics qui devront dès que possible réexaminer la sûreté et la sécurité des installations en majorant encore l’évaluation des risques, et abandonner toute idée de construction et de gestion d’installations nucléaires par des opérateurs privés.

ci-dessous textes intégraux de la "charte du nucléaire" et de la "résolution énergie"

pour une charte du nucléaire
résolution énergie